Le siège de l'administration du District SMA de Strasbourg, situé 4 rue Le Nôtre, habrite également les archives de la société.

D'apparence modeste, les archives missionnaires de la Société des Missions Africaines sont cependant un vrai trésor d'informations de ce qui a été l'épopée missionnaire sur le territoire africain au début du siècle passé. Les archives renferment de nombreuses lettres, documents officiels, biographies, photos, films et intéressent nombre de chercheurs...

Les demandes sont variées; elles peuvent être familliales, une personne qui recherche un grand oncle, un ami; historiques, certains écrivent des pans d'histoires pour les sociétés d'histoire locale; faire l'objet de recherches pour des thèses de doctorat ou aussi par des écrivains en quête de personnages hauts en couleurs...

Ces archives nous permettent de répondre à toute ces demandes et aussi de compléter les biographies des anciens missionnaires...

La requête de Lucie Passelaigue a donné lieu à ce joli témoignage:

"Début 1984, toute jeune thésée en médecine, âgée de 25 ans, je suis partie pour 6 mois comme bénévole au petit hôpital-maternité de Farendé, un village situé dans le nord du Togo, en pays kabyé.

Comme je suis catholique, je suis naturellement allée à la paroisse la plus proche qui était celle de Pagouda (ou Kpagouda), à 11 kilomètres de Farendé. J'y ai fait la connaissance du Père Joseph Roth.

C'était il y a longtemps; les souvenirs précis s'effacent. Mais le plus important finalement, l'impression générale, est restée; l'impression de se connaître depuis toujours.
Le Père Joseph Roth m'a reçue comme si j'étais de sa famille, mais moi, je n'avais jamais eu cette impression là dans une paroisse en France.
Je me souviens aussi que beaucoup de jeunes venaient à la cure, ils allaient et venaient, et semblaient être chez eux.
J'étais jeune et j'ai eu surtout l'impression d'être en présence d'un père qui accueille tous ses enfants.

Il était bon, sans prêchi-prêcha, fondamentalement bon.

Il devait avoir son caractère mais je me souviens surtout de sa bonhomie et de son humour.

Le Père Roth lors du jeudi saint de 1984, église de Kpagouda, Togo

Il a compris tout de suite que je souhaitais connaître des kabyé et non pas seulement fréquenter des français.

Il m'a fait rencontrer un jeune couple que j'ai revu à de nombreuses reprises, et grâce à qui j'ai pu approcher un peu la façon de vivre des kabyé, leurs espoirs, leurs difficultés aussi.

J'allais voir le Père à vélo. J 'allais également à vélo à la messe dans son église consacrée à Maria Goretti, en empruntant une piste en terre ensablée par endroits. Ce n'était pas très facile d'aller chez lui...Du moins pour une européenne ... car les kabyé allaient alors à pied par monts et par vaux, la région est peuplé de petites montagnes.

Sans que je ne lui aie rien demandé, il a compris que j'étais désargentée et m'a proposé assez vite de me prêter une 4L. Et il m'a discrètement offert l'essence tout au long de mon séjour.

Au Volant de la fameuse 4L

J'ai pu ainsi aller plus régulièrement le voir et aller à la messe.

Je suis allée une fois jusqu'au Burkina Faso (Haute-Volta alors) visiter une amie et une communauté religieuse avec cette voiture.

Imaginez la confiance qu'il m'a faite!
C'était un an avant son décès. Il avait déjà des problèmes de santé mais il n'en parlait pas.

J'ai appris son départ par une des ses amies, dont j'ai par la suite perdue la trace.

Là -haut, le bon Dieu a dû l'accueillir bras ouverts: "il te sera beaucoup pardonné car tu as beaucoup aimé" .

Lucie Passelaigue au Togo

Alors, après Elie et Anna, mon troisième enfant s'appelle Yaël, Martin, Joseph en souvenir du Père."

Lucie Passelaigue

JOSEPH ROTH

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